FINALISTES
JUSTICE DE GENRE
COALITION FONCIÈRE NATIONALE COLOMBIE
Qui
La Coalition nationale pour la terre (CNT) de Colombie est la plateforme multisectorielle parrainée par l’ILC qui opère dans le pays. Il rassemble six membres de l’ILC et collabore avec des agences gouvernementales. Il est dirigé par le Centre de recherche et d’éducation populaire (CINEP), qui œuvre pour la promotion d’un monde équitable et durable, en concentrant ses recherches sur les conflits, les droits de l’homme, les politiques publiques, les mouvements sociaux, la pauvreté et le développement, entre autres domaines. Les valeurs de solidarité, de paix et d’inclusion sont considérées comme le fondement des processus de construction de l’État.
Contexte
En Colombie, les femmes rurales sont confrontées à une marginalisation systémique, à un accès limité à la terre et à des violences sexistes, ce qui entrave leur pleine participation à la gouvernance foncière. La Coalition des femmes des Caraïbes pour la terre et le territoire, avec le soutien de la CNT Colombie et d’organisations alliées, a lancé une initiative visant à promouvoir l’égalité des sexes en engageant les hommes dans des débats sur la masculinité, les droits fonciers et la non-violence.
Actions clés et impact
Dans le cadre de la campagne « Défendez votre terre » (S4HL) en Colombie, la Coalition a développé le projet « Aha et pourquoi pas ? stratégie, une initiative de communication et d’éducation communautaire qui vise à promouvoir les masculinités non violentes. Cette initiative encourage le dialogue entre les hommes (couples, pères et dirigeants communautaires) pour remettre en question les normes patriarcales et défendre les droits fonciers des femmes. Il s’agit de dialogues communautaires, de conversations organisationnelles et d’actions de visibilité, soutenus par une série radiophonique en cinq parties et un manuel politico-méthodologique co-créé avec les femmes de la Coalition.
La série radiophonique aborde des sujets clés tels que les soins aux personnes âgées, la parentalité, les droits fonciers des femmes, la gestion de l’eau et la participation des femmes à la gouvernance. En intégrant ces thèmes, l’initiative remet en question les normes de genre profondément enracinées et met en évidence les inégalités structurelles qui perpétuent la violence à l’égard des femmes.
À ce jour, plus de 40 hommes de cinq communautés de Montes de María, Canal del Dique et Córdoba ont participé à ces dialogues. Parallèlement, la Coalition facilite de nouveaux dialogues communautaires dans les municipalités clés pour approfondir l’impact de l’initiative. La stratégie étend également son influence au niveau national, en engageant des responsables de l’Agence nationale foncière de Colombie et des unités gouvernementales locales dans des discussions sur les masculinités non violentes et l’égalité des sexes dans la gouvernance foncière.
Défis
L’un des principaux défis était d’impliquer les hommes dans le processus sans résistance ni participation symbolique. Il était difficile de susciter des débats constructifs sans risquer de renforcer les attitudes patriarcales. En outre, les facilitateurs ont rencontré une opposition dans certains dialogues communautaires, où les normes traditionnelles de genre étaient en conflit avec les objectifs de l’initiative. Le processus de production lui-même est devenu une expérience éducative, car obtenir des participants masculins pour la série radiophonique a nécessité une négociation minutieuse. La Coalition devait également veiller à ce que ces dialogues n’augmentent pas les risques pour les femmes, compte tenu des menaces existantes auxquelles elles sont confrontées sur leurs territoires.
Approches innovantes
L’initiative se distingue par la connexion entre la justice de genre et l’activisme pour les droits fonciers à travers une approche multimédia, combinant la narration radiophonique traditionnelle avec des plateformes numériques modernes telles que les services de streaming, les sites Web et les médias sociaux. Il favorise également la collaboration intergénérationnelle, en intégrant les perspectives des dirigeants chevronnés à l’activisme novateur des jeunes générations. En engageant les hommes comme alliés non conflictuels, vous garantissez une approche durable et communautaire du changement social.
COALITION FONCIÈRE NATIONALE EXCEPTIONNELLE
COALITION FONCIÈRE NATIONALE DES PHILIPPINES
Qui
La National Land Coalition (NLC) des Philippines est la plateforme multipartite parrainée par l’ILC et opérant dans le pays. Elle regroupe neuf membres de l’ILC dans le pays, mais travaille également en collaboration avec d’autres organisations et institutions, par exemple, à travers des initiatives liées à la CEDAW (Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes) ou axées sur la réforme agraire.
Contexte
NLC Philippines travaille depuis juillet 2021 pour promouvoir une gouvernance foncière centrée sur les personnes dans un contexte politique et environnemental complexe. Le pays reste l’un des plus dangereux pour les défenseurs des terres et de l’environnement (DLE), avec des luttes constantes autour de la distribution des terres et des menaces environnementales. Malgré ces défis, le NLC Philippines a joué un rôle crucial dans la sécurisation des droits fonciers, le soutien à la réforme agraire et l’influence sur les politiques de biodiversité.
Actions clés et impact
L’Union nationale des libertés civiles des Philippines (NLC) a mis en œuvre un mécanisme de réponse rapide (RRM) pour les LED, en élaborant et en activant des lignes directrices pour fournir un soutien immédiat dans les conflits liés aux terres et aux ressources. Entre 2022 et 2024, l’initiative a soutenu 14 cas de LED, aidant des milliers de personnes, et s’est ensuite étendue pour obtenir 10 subventions qui ont bénéficié à quelque 6 000 familles, dont des peuples autochtones, des petits agriculteurs et des pêcheurs.
La coalition a également travaillé sur les politiques de conservation de la biodiversité, contribuant à la stratégie et au plan d’action philippins pour la biodiversité (EBPAP) et promouvant la reconnaissance d’autres mesures efficaces de conservation par zone (OECM). Elle a élaboré une stratégie et un plan d’action pour la biodiversité des peuples autochtones (EPBA) et a dirigé des ateliers de consultation pour souligner le rôle des agriculteurs dans la conservation.
En outre, le NLC s’est engagé dans un plaidoyer politique, soulevant des inquiétudes concernant le programme SPLIT financé par la Banque mondiale, qui affecte les bénéficiaires de la réforme agraire. Grâce à des mobilisations nationales et locales, elle a contribué à garantir les droits fonciers de nombre de ces bénéficiaires, couvrant des milliers d’hectares de terres agricoles.
Défis
Le principal défi auquel le NLC a été confronté était la limitation et la volatilité du financement. Souvent, dans le domaine des politiques et du plaidoyer, des opportunités ou des menaces soudaines surviennent, et le financement doit être suffisamment flexible pour y répondre efficacement. Ce défi a été relevé grâce au dynamisme et à l’expérience des organisations membres de la plateforme.
Approches innovantes
Le NLC des Philippines est l’un des deux seuls NLC d’Asie dotés d’un mécanisme de réponse rapide fonctionnel. Leur stratégie combine des mobilisations de masse avec un dialogue formel, équilibrant le plaidoyer communautaire avec la participation aux forums politiques. Cette double approche leur a permis d’obtenir des résultats politiques tangibles tout en maintenant une collaboration étroite avec le gouvernement et les partenaires au développement.
DÉFI MONDIAL : LES INÉGALITÉS
FES
Qui
La Fondation pour la sécurité écologique (FES) œuvre pour la restauration écologique et la conservation des ressources en terres et en eau dans les hautes terres et autres zones écologiquement fragiles, dégradées et marginalisées du pays. À cette fin, elle s’emploie également à établir des processus de coordination des efforts humains et de gouvernance.
La sécurité écologique étant le fondement d’un développement durable et équitable, la FES s’engage à renforcer, revitaliser ou restaurer, si nécessaire, les processus de succession écologique et la conservation des terres, des forêts et des ressources en eau du pays.
Contexte
En Inde, les terres communes, telles que les forêts, les pâturages et les « terres incultes », font vivre des millions de ruraux pauvres, notamment des femmes, des travailleurs sans terre et des communautés tribales. Ces terres fournissent des ressources essentielles telles que la nourriture, le fourrage et le bois de chauffage, et jouent également un rôle essentiel dans la conservation de la biodiversité et la résilience climatique. Cependant, la faiblesse des droits fonciers, les politiques gouvernementales favorisant l’utilisation industrielle et la crise climatique menacent ces ressources vitales. La FES travaille sur une initiative qui vise à renforcer la gouvernance communautaire sur les terres communales par la collaboration, le plaidoyer politique et le renforcement des capacités.
Actions clés et impact
L’initiative s’articule autour de quatre stratégies clés :
- Promouvoir la collaboration : établir des plateformes multipartites pour réunir les agences gouvernementales, la société civile et les institutions communautaires pour une prise de décision conjointe et une influence sur les politiques.
- Renforcer le leadership local : donner aux communautés, en particulier aux femmes et aux groupes sans terre, les compétences et les ressources nécessaires pour retrouver des rôles de leadership dans la gouvernance foncière.
- Plaidoyer politique et soutien public : remettre en question les idées fausses sur la gouvernance des biens communs grâce à un plaidoyer fondé sur des données probantes, en influençant les politiques foncières et en garantissant les investissements publics.
- Responsabilité et transparence : créer des tableaux de bord au niveau de l’État pour suivre la propriété foncière et assurer une surveillance en temps réel des droits fonciers et des initiatives de restauration.
Ces dernières années, l’initiative a permis à de nombreuses personnes d’accéder à la propriété de biens communs, dont près de la moitié sont des femmes. Des milliers de femmes occupent désormais des postes de direction dans la gouvernance locale, et de nombreuses autres personnes ont amélioré leurs revenus grâce à une gestion durable des ressources. Dans l’ensemble, de vastes étendues de terres ont été sécurisées pour la gestion communautaire, et environ la moitié d’entre elles sont activement gouvernées par le biais de modèles participatifs. Ces efforts ont généré d’importants investissements publics dans des programmes liés aux biens communs, bénéficiant aux communautés marginalisées. En outre, le Pradhan Mantri Janjatiya Unnat Gram Abhiyan du gouvernement indien a accéléré la reconnaissance des droits fonciers des communautés tribales et dépendantes des forêts, grâce à l’influence directe de l’initiative.
Défis
L’un des principaux défis auxquels est confrontée la FES est le décalage entre les politiques nationales et leur mise en œuvre au niveau des États. Par exemple, bien que la loi sur les droits forestiers vise à garantir le droit de propriété foncière aux communautés tribales, sa mise en œuvre est inégale. En collaboration avec les gouvernements des États tels que l’Odisha et le Jharkhand, la FES a co-développé des programmes visant à accélérer la reconnaissance des droits forestiers communautaires, comblant ainsi le fossé entre la politique et la pratique.
Un autre défi est posé par les priorités politiques qui privilégient les gains individuels à court terme au détriment des bénéfices collectifs de la communauté, par exemple en promouvant la régularisation des invasions de terres. La FES a collaboré avec des institutions locales pour renforcer les pratiques de gestion collective et résister aux conversions de terres non durables.
Approches innovantes
FES combine l’action communautaire avec le changement systémique en intégrant la cartographie participative, les modèles de gouvernance communautaire et les outils numériques tels que la plateforme de données India Observatory. Cette approche garantit que les perspectives locales éclairent les politiques nationales, créant ainsi un modèle évolutif de gouvernance durable des biens communs.
DÉFENSEURS DE PREMIÈRE LIGNE
PAKISAMA
Qui
PAKISAMA est une confédération et un mouvement paysan national dédié à l’autonomisation des petits agriculteurs, des pêcheurs, des femmes rurales, des jeunes et des peuples autochtones aux Philippines, menant la promotion et la mise en œuvre d’une réforme agraire et aquatique durable et du développement rural. Elle promeut également l’égalité entre les hommes et les femmes et répond aux problèmes actuels et historiques de pauvreté et d’injustice.
Contexte
La campagne menée par PAKISAMA sur les îles de Bugsuk, Pandanan et Marihangin à Palawan, aux Philippines, est une lutte de plusieurs décennies contre l’accaparement des terres. Le conflit remonte aux années 1970 du régime, lorsque les peuples autochtones et les communautés locales ont été expulsés de force. Aujourd’hui, une nouvelle vague d’expulsions, y compris violentes, a lieu, motivée par des intérêts commerciaux cherchant à développer des projets touristiques de luxe. Le mouvement Sambilog-Balik Bugsuk, dirigé par PAKISAMA, s’est mobilisé pour résister à ces déplacements par l’action non-violente et l’organisation communautaire, dénonçant le rôle de la collusion des entreprises et du gouvernement dans la dépossession des communautés locales.
Actions clés et impact
La campagne repose sur deux stratégies fondamentales :
- Non-violence active : Inspiré par Gandhi, Martin Luther King Jr. et la campagne des paysans de Sumilao, PAKISAMA utilise des actions directes pacifiques telles que des grèves de la faim, des défilés fluviaux, des mobilisations de masse et des recours juridiques pour récupérer des milliers d’hectares de terres contestées. Leur résistance aux forces de sécurité armées et à la pression des entreprises a suscité une attention médiatique considérable, avec un documentaire diffusé sur une émission de télévision nationale qui a recueilli des millions de vues.
- Organisation communautaire : Le mouvement Sambilog-Balik Bugsuk a formé de nouveaux leaders, jeunes et femmes, garantissant que la résistance reste basée sur la communauté. La campagne a impliqué des avocats, des organisations de la société civile et des groupes religieux aux niveaux local, national et international. Les partenariats avec les universités jésuites, la Conférence des évêques catholiques des Philippines et les organisations internationales de défense des droits fonciers ont intensifié leur travail de plaidoyer, favorisant les discussions politiques aux niveaux provincial et national.
Au niveau local, la campagne a renforcé l’auto-organisation communautaire, en résistant à l’intrusion des entreprises et en défendant les droits territoriaux des peuples autochtones et des pêcheurs. Des actions en justice sont en cours pour rétablir la couverture de la réforme agraire et annuler les titres de propriété frauduleux.
Au niveau national, son activisme a contribué à l’adoption de la loi de 2021 sur le Fonds fiduciaire des producteurs et des industries de la noix de coco et a mis la réforme agraire sous les projecteurs nationaux grâce à d’importantes manifestations et à un engagement médiatique.
Au niveau international, la question a été soulevée lors de la Conférence mondiale sur la sécurité alimentaire, et PAKISAMA s’est associé à des réseaux mondiaux tels que Land Rights Now!, l’UICN et Fair Finance pour accroître la visibilité et la pression.
Défis
Les principaux défis ont été le manque de financement et de ressources humaines, d’une part, et la difficulté de mobiliser le soutien du réseau à tous les niveaux contre des adversaires puissants, d’autre part.
Dès le début, PAKISAMA a appris que le temps, la passion et la compétence de l’équipe qui gère la campagne peuvent compenser les difficultés ; Les projets doivent donc investir considérablement dans le recrutement et le développement des capacités de la meilleure équipe de gestion de campagne.
De ce dernier point, PAKISAMA a appris que tout militant des droits fonciers doit également être un excellent réseauteur pour faire entendre sa voix.
Approches innovantes
L’approche de PAKISAMA se distingue par son modèle hautement structuré de résistance non violente, qui combine des stratégies juridiques, communautaires et médiatiques pour mobiliser les réseaux nationaux et internationaux. Leur capacité à présenter les luttes foncières comme une question de droits humains a exercé une pression sur les agences gouvernementales et les entreprises, tout en se développant localement malgré les menaces et la répression.